Le 18 novembre est la première journée européenne pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels.

Avec cette journée européenne, le Conseil de l'Europe veut étendre la prise de conscience et relancer le débat sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels. Cette journée permettra également de mettre en lumière la Convention de Lanzarote. Cette convention est un instrument unique et contraignant permettant de rendre punissables toutes sortes de formes d'abus d’enfants. L'initiative vise tous les enfants, parents, enseignants, décideurs politiques, ONG et toutes les autres parties concernées par la protection de nos enfants.

L'abus d'enfants reste un réel problème

Malgré tous les efforts fournis, l'exploitation et les abus sexuels d'enfants restent une réalité tragique et parfois quotidienne pour de nombreux enfants, que ce soit en Belgique, dans les pays du Conseil de l’Europe ou en dehors. Il s'agit d'une violation grave de leurs droits, de leur intégrité sexuelle et psychique, qui laisse souvent des marques à vie.

Les chiffres disponibles donnent une idée du nombre d'enfants qui y sont confrontés. Ces statistiques ne donnent pas une image complète du phénomène. De manière générale, nous supposons que le nombre de cas est en réalité encore plus élevé, car tous les abus ne sont pas signalés. Ceci se confirme lorsque l'on interroge des enfants et des adultes.

L'étude « Geweld, gemeld en geteld » de 2011 du Commissariat aux Droits de l'Enfant de la Communauté flamande a déjà montré que dans le contexte scolaire, environ 33 % des élèves sont confrontés à une forme de comportement sexuel déviant. Au sein de la famille, ce taux passe à 7 %, dans le secteur des loisirs, il passe à nouveau à 10 % et dans les mouvements de jeunesse, il est de 3 %.

L'étude « SEXEXPERT » menée en 2014 a montré que de nombreux hommes et femmes avaient été confrontés à un comportement sexuel déviant avant l'âge de 18 ans. Une récente enquête (2015) menée par l'université d'Anvers a montré qu'une adolescente sur trois a déjà été confrontée dans les médias sociaux à des remarques à caractère sexuel non souhaitées sur son apparence ou sa sexualité. Les filles doivent supporter beaucoup de choses, mais les garçons sont eux aussi exposés au comportement sexuel déviant. Les auteurs ne sont pas uniquement des garçons, des hommes ou des inconnus, il y a aussi des femmes et des filles.

Dimension internationale

Bien entendu, l'abus d'enfants n'est pas un problème local,  la criminalité dépasse les frontières. Il est important de protéger les enfants en Belgique et en Europe. Malheureusement, nous constatons également que de nombreux enfants d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine sont victimes de ressortissants belges et européens.

Les chiffres d'ECPAT InternationalImage retirée. montrent que des milliers d'enfants sont exploités par l'industrie du sexe.

Chiffres provenant d'ECPAT International

L'approche européenne basée sur les 4 P

Au niveau européen, la stratégie adoptée contre l'abus et l'exploitation d'enfants est basée sur les 4 P : prévention, protection, poursuites et partenariat.

1. Prévention

Le Conseil de l'Europe essaie d'y contribuer et a créé au le film d'animation KIKOImage retirée. ainsi que la vidéo poignante intitulée « Le lac »Image retirée.. Les deux productions visent à sensibiliser les gens sur les abus sexuels de mineurs. Une nouvelle production vidéo sera d'ailleurs présentée lors de la journée européenne. D'autres campagnes de communication sont également menées avec les partenaires.

2. Protection

L'arsenal législatif belge est important. De nombreuses initiatives ont déjà été prises au cours des dernières années pour protéger les enfants. La protection des mineurs sera bientôt renforcée grâce à la transposition de la directive européenne relative à l’exploitation et aux abus sexuels.

Au niveau européen, la Convention de LanzarotteImage retirée. offre depuis longtemps un cadre général visant à protéger les enfants contre l’exploitation et les abus sexuels. À certains égards, cette convention va plus loin que l'article 34 de la Convention internationale des droits de l’enfantImage retirée. et son protocole facultatif relatif à l'exploitation sexuelle des enfants. Il s'agit toutefois d'une Convention européenne qui ne s'applique que dans les États membres du Conseil de l'Europe l'ayant ratifié. La Belgique a ratifié cette convention en 2013. Cette convention est très importante dans le cadre de la protection de tous les enfants de tous les États membres du Conseil de l’Europe.

3. Partenariat

Les partenariats sont très importants : c'est ainsi que depuis des années, la justice collabore stratégiquement avec les communautés, notamment avec le « Vlaams Forum Kindermishandeling » et via la « Concertation permanente de maltraitance ».

Des collaborations ont également lieu avec des ONG telles que Child Focus et l'ECPAT. La collaboration avec Child Focus sera bientôt renforcée en ce qui concerne le signalement et le traitement d'images d'exploitation sexuelle et d'abus d'enfants.

La justice est en outre depuis plusieurs années en partenariat avec le groupe de travail "jedisstop"Image retirée. créé par ECPAT Belgique. Différentes campagnes communes ont été menées pour protéger les enfants de certains pays contre les abus sexuels commis par des Belges qui ont pour cela voyagé vers ces pays (éventuellement intentionnellement). Il est demandé de systématiquement dénoncer ces situations intolérables. Plusieurs camions ont récemment fait le tour de la Belgique avec cet appel. 

4. Poursuites

Cependant, Internet a fait que certaines personnes ne doivent plus nécessairement se déplacer vers l'étranger pour se rendre coupables, dans un anonymat relatif, de regarder des abus sexuels d'enfants. Techniquement, il est possible de commander à partir de son fauteuil un abus sexuel d'enfant en temps réel.

Comme l'informatique a étendu le champ du phénomène, les autorités policières et judiciaires font face à un grand défi. Il existe cependant une volonté forte de renforcer la lutte en ligne. Le gouvernement fédéral et les entités fédérées sont en tout cas d'accord sur ce point. À cet égard, la prévention, la recherche, les condamnations de suspects et le suivi des victimes seront les éléments centraux.

Pour de plus amples informations