Le 16 juin 2021, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, accompagné des responsables de l'ordre judiciaire et de l'administration, a présenté à la presse un investissement substantiel dans la Justice. Grâce à des ressources budgétaires et humaines supplémentaires, le ministre pourra, dans les années à venir, développer entre autres la numérisation, la lutte contre l'arriéré judiciaire et une exécution plus efficace des peines. 

Consultez ci-dessous l'intervention de Jean-Paul Janssens, président du comité de direction du SPF Justice.

Intervention de M. Jean-Paul Janssens
Président du comité de direction du SPF Justice

Comme l'a souligné le ministre, la Justice n'a pas bénéficié d'un investissement suffisant dans le passé, tant en termes de personnel que de ressources. Contrairement à l’ordre judiciaire, le manque critique de personnel du SPF Justice était parfois moins visible pour le monde extérieur. Mais cette pénurie était tout aussi préjudiciable pour assurer les tâches clés de la justice et pour développer l'innovation.

Cet investissement considérable pour la justice est aussi nécessaire et comme les autres partenaires, je suis heureux de pouvoir compter sur une telle perspective. Je remercie le ministre de la Justice et la cellule stratégique pour leur engagement permanent pour obtenir ces moyens supplémentaires. 

En tant que président du SPF Justice, je m'engage à utiliser ces investissements de manière judicieuse et durable afin que nous puissions relever les défis les plus cruciaux aujourd'hui et préparer notre organisation de demain

Le ministre a déjà expliqué en détails dans quels domaines les investissements seront réalisés. Aujourd'hui, je me limiterai au renforcement très attendu de nos départements P&O, ICT et Budget. Ils sont essentiels à notre activité principale très diversifiée, qui comprend le soutien au système judiciaire, au système pénitentiaire et à l'élaboration de la législation. Ces services ont également été les victimes d'années de sous-financement structurel.

Il est absolument crucial que le recrutement et la politique du personnel bénéficient d'une plus grande marge de manœuvre. Pour dire les choses simplement : "Les chiffres sont beaux, mais ce sont les gens qui comptent"

Tout l'ensemble du fonctionnement de la Justice dépend de notre capital humain. Ni les services centraux, ni le système judiciaire, ni le système pénitentiaire n'échappent à la réalité d'un marché du travail hautement concurrentiel. 

Le talent est rare. Nous recherchons non seulement des personnes motivées et enthousiastes, mais aussi une expertise précieuse et très demandée, par exemple dans les domaines du budget ou de l'informatique. 

Cette réalité, ainsi que les règles rigides des procédures de sélection et le contrôle budgétaire strict, font du recrutement tout sauf une sinécure.

L'un des fers de lance de cet investissement sans précédent dans la Justice est le recrutement prévu de plus de 1 000 nouvelles personnes. Pour réussir, nos services du personnel pourront compter sur 20 profils supplémentaires et l'arrivée de 7 collaborateurs de la Justice à Selor. 

Mais cela ne sera pas suffisant. Afin d'attirer les talents recherchés, nous devons également devenir plus attractifs sur le marché du travail. Investir davantage dans l'image de marque de l'employeur est le seul moyen d'y parvenir. Par exemple, cette année, le SPF Justice lance deux autres marchés publics pour développer notre communication en matière de recrutement. Nous ferons également un maximum d'efforts pour coopérer avec les universités et les hautes écoles. La Justice est encore trop souvent associée aux emplois classiques de bureau ou au travail juridique, alors qu'en réalité nous recherchons toute une gamme de profils, à tous les niveaux.

Nous ne devons pas non plus oublier la quantité de connaissances, de dynamisme et de talent dont nous disposons déjà en interne. Tout le monde autour de la table sait qu'il y a des gens dans tout le département qui donnent le meilleur d'eux-mêmes, jour après jour, pour faire la différence au profit des citoyens et de l'état de droit. Nous devons chérir ces personnes. Innover en matière de RH, c’est aussi pour eux que nous le faisons. C'est pourquoi nous investissons dans la formation, par exemple dans les établissements pénitentiaires où les agents reçoivent un contenu à leur travail plus diversifié. Nous leur fournissons un meilleur équipement, depuis les uniformes jusqu’au matériel informatique. Le bien-être reste également central. Grâce aux méthodes modernes de gestion et de suivi, il est possible d'accompagner nos collaborateurs dans leur carrière et plus uniquement de la gérer administrativement. 

Un autre chantier crucial où le SPF Justice joue un rôle essentiel, c’est l’IT.

Ce n’est pas la première fois qu’un budget est investi dans la digitalisation de la Justice, mais cette fois l’approche et la vision sont totalement différentes. 

Au lieu d’avoir des projets isolés les uns des autres, on privilégie la stratégie, la coordination et la collaboration. Un nouveau Digital Transformation Office avec 7 experts veillera à la construction des building blocks fondamentaux partout dans la Justice. 

En concertation avec l’Ordre judiciaire et tous les autres partenaires (Finances, Police, Mobilité, les barreaux, etc.), nous voulons élaborer des solutions globales. En interne, cela signifie un réseau plus solide, une meilleure gestion des dossiers, des bases de données efficaces et une politique d'accès affinée. Vers l’externe, cela signifie une gamme d’e-services attrayants, modernes et conviviaux sous la coupole de Just-On-Web. Ce portail d'accès unique pour les citoyens, les entreprises, les avocats et autres partenaires deviendra un one- stop-shop pour la gestion des amendes, l'accès à votre dossier, les extraits de votre casier judiciaire, etc.

Voilà la stratégie. Sur le plan opérationnel, le service du personnel pourra compter sur un tiers de collaborateurs supplémentaires et 41,3 millions d'euros en 2022 pour les ressources de fonctionnement et d'investissement. Cela concerne à la fois le matériel et les logiciels. 

Une bonne gestion des ressources budgétaires est également essentielle. Avant que les projets puissent être lancés, il faut prévoir les budgets nécessaires, préparer les marchés publics, passer des commandes, etc. Les obligations budgétaires et comptables dans un contexte gouvernemental sont lourdes. Les autorités de contrôle sont strictes. Des effectifs supplémentaires pour le service d'encadrement Budget sont donc plus que nécessaires. Comme déjà mentionné, ces profils sont très difficiles à trouver sur le marché du travail. C'est un véritable défi pour le service du personnel. 

Les crédits supplémentaires seront bien sûr également utilisés pour notre activité principale. Ce point a déjà été longuement discuté. Par exemple, dans le domaine des sanctions, des investissements seront réalisés dans les soins et la détention sur mesure. Des fonds seront débloqués pour les plans directeurs des bâtiments, et ainsi de suite. 

Je suis convaincu que le SPF Justice, en concertation avec tous les partenaires, en amont et en aval, jouera un rôle clé pour que la Justice atteigne sa vitesse de croisière.

Jean-Paul Janssens, président du comité de direction du SPF Justice

Cet important investissement financier dans la Justice est attendue depuis longtemps et est tellement indispensable. En réalisant des investissements progressifs et intelligents, nous permettons à notre organisation d’être à l’épreuve du temps. Le SPF Justice peut jouer un rôle clé en orientant le processus de recrutement massif dans la bonne direction et en coordonnant plus efficacement la transformation numérique. Mais pour vraiment renverser la vapeur, la collaboration et la stratégie seront tout aussi cruciales que le budget.